#Interview : Valentine, la suspension niveau expert.
Ami amateur de sensations fortes, du grand frisson, ou simplement toi curieux qui regarderait la scène avec des yeux de merlu si il t'était donné de la voir, cet article est fait pour toi.
Car oui outre le tatouage, le piercings et les stretchs, le milieu de la modification corporelle à aussi ses shows intimistes, ses communions avec soi même, et c'est par ces mots que la pratique de la suspension prends pour moi tout son sens. Rencontre avec Valentine, une habituée de la pratique, qui nous livre ses impressions.
1/ Peux tu te présenter aux lecteurs ?
Je m'appelle Valentine, j'ai 25 ans. Je viens d'une petite ville de Suisse et travaille comme assistante dentaire.
Piercée, tatouée, implantée et scarifiée, je suis une passionnée par la bodmod.
2/ Qu'est ce qui t'as donné envie de tenter la suspension ?
Je n'avais jamais envisagé d'en faire jusqu'au jour où j'ai eu l'occasion d'assister à des suspensions publiques. La première que jai vue était un coma (position couchée) et j'ai été bouleversée par cet acte. La suspendue était dans un état de sérénité intense, un petit sourire aux lèvres....j'ignorais tout de la suspension et cet état de bien être que l'on pouvait visiblement ressentir m'a profondément touchée et donné envie de tenter à mon tour cette expérience.
3/ Ta première, c'était quand? Quel souvenir en gardes tu ?
C'était il y a environs 2 ans, soit 3 mois après avoir assisté à cette suspension publique. J'en garde un souvenir fabuleux, ce fut une expérience très intense. J'avais prévu de faire la position dite du “suicide”, avec 2 crochets dans le dos. Le bodmodeur avait prévu une sorte de petit rituel purificateur, à base d'encens, d'eau et de vin. Ça donnait un aspect très mystique qui m'avait aidée à me mettre en condition.
Puis vint le perçage et le passage des crochets, pas très agréable mais largement supportable, je m'attendais à pire. Le plus dur a été l'envol. J'avais souvent entendu que dans la suspension, c'est 1% physique et 99% mental. Et Seigneur, que c'est vrai ! Être capable de se laisser complètement aller, de lâcher prise a été très compliqué. Je touchais uniquement le sol avec la pointe des pieds, mais garder ce contact entre le bout des mes orteils et la fraîcheur du sol était incroyablement rassurant. Puis il a suffit d'une petit impulsion et j'étais dans les airs. Les premières sensations étaient incroyables, aucune douleur, juste superbe explosion dans mon esprit, un véritable cocktail chimique. Un peu trop puissant étant donné que j'ai tourné de l'oeil pour reprendre connaissance quelques instant après, allongée à même le sol, dans les bras d'un ami du bodmodeur qui était venu prêter main forte. J'ai vécu ce moment comme une renaissance symbolique, avec l'impression d'être un nouveau-né dans les bras du paternel.
Après m'être remise de mes émotions, j'ai pu recommencer. Et jusqu'au bout, avec toute la lucidité du monde, l'esprit et les sens grands ouverts.
4/ Tu as 13 suspensions à ton actif; pourquoi avoir recommencé ? Les sensations sont elles différentes ?
J'ai gardé des tels souvenirs de cette première expérience que j'ai voulu recommencer une seconde fois, puis une troisième, etc. Pour avoir un aperçu des différentes sensations, j'ai essayé d'autres positions, comme le Coma, qui a été plus éprouvant physiquement car il y'avait une dizaine de crochets ou le Lotus, qui a été une catastrophe car impossible de décoller du sol. J'ai été suspendu de nuit dans une forêt à un If, à côté d'une cascade, ou encore en Freefall, soit en saut à l'élastique avec une chute d'une vingtaine de mètres... en bref les sensations dépendent de plusieurs facteurs, comme l'état d'esprit où je me trouve, le lieu et les personnes présentes.
5/ Qu'est ce que la suspension t'apporte?
Un petit havre de paix dans le quotidien, un moment où je peux me recentrer et me retrouver. Un moment de pure éclate.
6/ Ce n'est clairement pas une pratique courante, qu'en dit -on dans ton entourage ?
Il y'a de l'admiration, de la fascination mais aussi du dégoût. Quoiqu'ils en disent, ils s'accordent tous sur un point: la douleur doit être atroce ! J'ai arrêté d'essayer de les convaincre du contraire.
7/ Clairement, comment se passe une séance ? (préparation, hygiène, temps) Et quels sont les soins particuliers à apporter à ta peau suite à une séance ?
En gros il y a la préparation de la surface de travail, le déballage du matériel stérile, le traçage des points à piercer, la désinfection de la peau, le pierçage puis le passage des crochets. Il faut ensuite régler la structure à laquelle on est suspendu, afin d'équilibrer la charge (que ça ne tire pas plus d'un côté que de l'autre en somme). Cette partie peut prendre une quinzaine de minutes environs.
Pour la suspension en elle-même, le temps dépend des personnes. Personnellement je peux tenir facilement 1 heure. Après une séance je n'apporte pas de soins particuliers, juste un peu de désinfectant en spray après le retrait des crochets et un pansement.
8/ A force, ta peau garde t'elle des séquelles ? N'est ce pas dérangeant pour toi ?
J'en garde de nombreuses cicatrices qui ne me dérangent pas. Peut-être qu'un jour j'essayerai d'en faire enlever par un bodmodeur, par curiosité.
9/ Un mot pour celles ou ceux qui voudraient tenter l'expérience ?
Choisissez bien l'équipe avec qui vous souhaiter vivre cette expérience, soyez physiquement préparé avant (pour une première, y aller le ventre vide c'est pas une bonne idée) et gardez bien ça à l'esprit: “1% physique, 99% mental”.